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ISTANBUL
Arrestations de journalistes en Turquie : Erdogan répond à l’UE
, publié le 15/12/2014 à 18:48, mis à jour à 18:48
Istanbul – Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en est pris lundi à l’Union européenne, qui avait critiqué les arrestations massives en Turquie visant les médias opposés à son régime, demandant aux Européens de « se mêler de leurs affaires ».
« L’Union européenne ne peut pas interférer dans des mesures prises… dans le cadre légal, contre des éléments qui menacent notre sécurité nationale » a déclaré Erdogan dans un discours retransmis à la télévision, dans la ville d’Izmir (ouest).
« Ils n’ont qu’à se mêler de leurs affaires », a-t-il ajouté, dans sa première intervention depuis les arrestations de dimanche.
La chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini et Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d’élargissement, avaient dénoncé dimanche les arrestations, les qualifiant de contraires aux « valeurs européennes incompatibles avec la liberté de la presse ».
Ces deux responsables étaient en Turquie la semaine dernière pour renforcer les liens jugés d’importance stratégique avec ce pays, qui négocie son adhésion depuis 2005.
« Je me demande si ceux qui maintiennent ce pays aux portes de l’UE depuis 50 ans savent ce que représentent ces mesures », a cependant déclaré M. Erdogan.
« Des éléments qui menacent notre sécurité nationale vont recevoir la réponse appropriée, quand bien même ils font partie de la presse », a-t-il ajouté.
« Quand nous prenons de telles mesures, ce que pourrait dire l’UE, ou qu’elle nous accepte ou pas, nous est parfaitement égal. « On s’en fiche… gardez vos idées pour vous » a ajouté le président.
Les arrestations de dimanche visaient principalement le quotidien Zaman et une télévision proche du prédicateur islamiste Fethullah Gulen, 73 ans, en exil aux Etats-Unis, ancien allié d’Erdogan devenu son pire ennemi.
La police a arrêté dimanche 27 personnes à Istanbul et dans plusieurs villes de Turquie, essentiellement des journalistes, dont Ekrem Dumanli, le rédacteur en chef de Zaman, l’un des grands quotidiens en Turquie.
Le directeur de la télévision güleniste Samanyolu TV (STV), ainsi qu’un producteur, un directeur et des journalistes de la chaine de séries télévisées Tek Turkiye (One Turkey) diffusé par STV figutent également parmi les personnes arrêtées.
Lundi matin, la télévision turque a annoncé que trois de ces derniers avaient été remis en liberté dans la nuit. Le quotidien Zaman a indiqué également que deux autres personnes avaient été libérées lundi, dont un éditorialiste du journal.
Les autres étaient toujours interrogés par la police d’Istanbul.
Ils sont soupçonnés de faux, de fabrication de preuves et d’avoir constitué un « groupe criminel visant à porter atteinte à la souveraineté de l’Etat », selon l’agence gouvernementale Anatolie.
Plusieurs policiers ont également été arrêtés, dont le chef du département anti-terroriste et le chef du département du crime organisé de la police d’Istanbul.
Le quotidien Zaman titrait lundi matin, sur fond noir : « Journée noire pour la démocratie ».
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu affirmait lui dans le quotidien national Sabah que les suspects n’avaient pas été arrêtés pour « leurs activités de journalistes » et que l’enquête judiciaire permettrait d’apporter des explications concernant les accusations portées contre eux.